Source : https://www.bbc.co.uk/blogs/doctorwho/entries/0f866ddb-21fd-47e0-80c2-0f7da6ac64a8
APPUYEZ SUR PLAY
Le Docteur se sentait seul. La plupart du temps, elle pouvait supprimer ces sentiments et se distraire en sauvant une planète, en évitant une guerre ou en éclosant des krynoïdes surgelés d'urgence. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui était évident.
Aujourd'hui, elle s'est assise sur les marches de la console du TARDIS, grignotant sa dernière crème pâtissière, regardant le cristal de contrôle lumineux monter et descendre.
Ascension et chute.
Ascension et chute.
Alors que sa machine spatio-temporelle était en mode recharge Artron ll, le Docteur ne pouvait laisser entrer personne d'autre à bord, en particulier les humains - les impulsions Artron auraient ravagé leur ADN. Elle se souvenait avec culpabilité de cette fois avec David Bowie, lorsque sa pupille gauche se dilatait en permanence.
Le Docteur soupira, savourant sa dernière bouchée de biscuit. Son cerveau fonctionnait encore à mille à l'heure, en arrière-plan, sauvegardant comme le plus grand et meilleur disque dur de l'univers, mais cela semblait terne et distant. Si être grincheux était une émotion, elle la ressentait.
Puis le TARDIS bipa. Un petit son amical et original qu'elle n'avait jamais entendu auparavant. C'était comme s'il savait ce qu'elle pensait (ce qui bien sûr était secrètement le cas). Curieuse, le Docteur se remit debout, et en réponse un jet de vapeur siffla de la console. En projection sur la vapeur se trouvait une ligne en gallifreyan :
Vous avez un message non lu.
"Quel message?" lança le Docteur à haute voix. "Depuis as-tu commencé à prendre des messages?"
Depuis des lustres, répondit le Tardis dans une série de bourdonnements et de sifflements pétulants.
"Eh bien, tu n'es pas bavard ! Où étais-tu en septembre dernier pendant tous mes monologues?"
Il suffit de lire le message, semblait dire le Tardis.
Le Docteur appuya sur un bouton de la console, puis se retourna alors qu'un hologramme s'animait. Elle ressentit une vague d'émotion alors qu'elle fixait le visage devant elle.
La jeune fille était dans la mi-adolescence, avec des cheveux noirs de jais, un haut rayé et des yeux pétillants de malice. Sa vue fit craquer l'humeur sombre du Docteur comme un œuf.
"Bonjour grand-père", déclara l'hologramme.
La voix du Docteur se noua. "Bonjour Susan", répondit-elle finalement.
Il s'agissait clairement d'un enregistrement réalisé lorsque sa petite-fille était encore adolescente. Quand ils voyageaient ensemble, il y a tant d'années.
L'image de Susan crépita alors qu'elle continuait de parler : "J'ai créée une banque de messages et un système de récupération dans le cœur des données du Tardis, par un jour de pluie. Au cas où tu aurais besoin que l'on te remonte le moral. Je sais ce que tu ressens quand tu t'ennuies ou que tu es seul."
"Comment je suis ?" rétorqua le Docteur défensivement.
"Grincheux", répondit Susan.
Le Docteur serra ses bretelles et fronça les sourcils.
"Je sais que rien ne dure éternellement", poursuivit Susan, "et que finalement nous devrons nous dire au revoir. Mais quand ce jour viendra, je veux te laisser quelques souvenirs de notre temps ensemble."
Les yeux du Docteur s'embuèrent. Une boule se forma dans sa gorge.
"Pas seulement de moi mais de futurs amis. Temps et lieux futurs. J'ai activé le mode d'enregistrement du Tardis, lié par télépathie à tes données. Donc, si tu t'ennuies, que tu es seul ou triste, tout ce que tu as à faire est d'accéder à la banque de données et de récupérer ton souvenir préféré. L'enregistrement continuera jusqu'à ce que tu lui dises d'arrêter. Toutes tes aventures, toutes tes histoires ne seront pas perdues. Ils seront toujours là, t'attendant, comme une archive. Vivant pour l'éternité."
Abasourdi, le Docteur regarda un flux de données apparaître à l'écran. De vieilles aventures, enregistrées dans une longue liste qui semblait défiler pour toujours.
"Certains des premiers pourraient avoir des erreurs, désolé. Tu sais comme est le Tardis avec l'intégration de nouveaux systèmes."
Le TARDIS grommela de désapprobation.
"Quoi qu'il en soit, je ferais mieux d'y aller ou je serai en retard pour l'école. J'espère que tu auras ce message un jour. Quand tu en auras le plus besoin."
Avec un dernier sourire, l'image de Susan vacilla puis s'évapora. Le Docteur regarda l'espace vide pendant très longtemps. Des secondes, au moins. Puis elle se mit en action, faisant défiler la liste interminable de titres, ne sachant pas par où commencer. "Crisis on Poosh", "Genesis Of The Daleks,’ ‘Attack Of The Postmen’, ‘The Timelash’, ‘100,000 BC aka An Unearthly Child aka The One In The Stone Age.’
"Le système d'étiquetage intelligent est un peu aléatoire", pensa le Docteur, son doigt planant sur le bouton d'activation. Enfin, elle fit sa sélection et appuya sur PLAY.
La console du Tardis fit de nouveau un ping. Résultat! Les biscuits à la crème anglaise étaient réapprovisionnés! Le Docteur en attrapa un avec empressement au distributeur et se réinstalla pour regarder des images floues se former sur l'écran.
En mâchant, elle décida elle décida de FaceTime Ryan, Graham et Yaz plus tard, mais pour l'instant elle était joyeusement distraite par le cadeau que Susan avait laissé ; une infinité d'histoires ; le confort de bons souvenirs et de vieux amis.
Et un rappel.
Qu'elle n'était jamais, jamais seule.
Histoire par Pete McTighe
Traduction par Doctor Who France